Si on lui avait dit un jour qu’il serait titulaire d’une chaire Unesco et qu’à ce titre, il ferait le tout de la Terre pour mettre en place des échanges avec les pays du Sud, Marc de Ferrière le Bayer ne l’aurait pas cru…
C’est au retour d’un périple qui l’a conduit, en neuf mois, dans 14 pays, que nous avons rencontré le titulaire de la chaire Unesco « Sauvegarde et Valorisation des Patrimoines Culturels Alimentaires ». « Je la dois à mes différentes fonctions, et au classement du repas gastronomique français sur la Liste de l’Unesco que nous avons défendu ici, à Tours, déclare Marc de Ferrière. Quand on se présente à un classement, il faut prévoir un plan de gestion, qui inclut une chaire. » Dans ce cadre, cours, conférences, colloques se succèdent, ayant tous trait à l’alimentation en tant que patrimoine. Un sujet passionnant, traversé d’innombrables problématiques, sur lequel l’historien, par ailleurs président de l’Institut européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (IEHCA), est intarissable : « L’alimentation est un élément identifiant de la culture des peuples. Et cela a une influence en termes de développement durable, de politique. Cela peut limiter la mondialisation, la globalisation, l’exode rural et peut maintenir le savoir, le travail des femmes. » En Australie, à Macao, à Hong-Kong, en Inde, il a multiplié les interventions, enrichi son vaste réseau. Prochaine étape : organiser des échanges d’étudiants.
L’économie du luxe
À vrai dire, rien ne prédestinait Marc de Ferrière le Vayer à courir la planète. Car après ses études d’histoire à la Sorbonne, où le spécialiste de l’histoire économique François Caron lui a transmis ses connaissances, c’est dans la Sarthe que notre interlocuteur s’est exporté au milieu des années 80, dans un lycée de Château- du-Loir. Il y a enseigné durant cinq ans, avant d’entrer chez Christofl e, à Paris, pour s’occuper du musée et des archives. Un lieu qu’il connaissait bien pour avoir soutenu une thèse, parallèlement à son professorat, sur cette orfèvrerie de renom. En 1993, il quitte l’entreprise de luxe et fait son retour dans l’enseignement, mais de très haut niveau cette fois, en tant que maître de conférences à Lille. Sa spécialité : l’histoire économique, comme son maître de la Sorbonne, un personnage toujours à la disposition des étudiants, comme lui. L’histoire économique, donc, mais plus encore celle de l’industrie, des techniques, de l’innovation. Quel rapport avec l’alimentation ? « C’est en arrivant à Tours, en 2004, que j’ai découvert ce domaine, dit-il. Je connaissais déjà l’histoire de la table, mais j’ai élargi le champ d’investigation. Il y avait une logique… » En 2004, l’IEHCA n’avait que deux ans. Cette association et fondation que préside Marc de Ferrière est aujourd’hui une institution reconnue : 5 000 ouvrages, un réseau de chercheurs au niveau mondial, une revue, une collection universitaire, des événements dont la création d’un prix François Rabelais (le prince Charles a été approché pour le recevoir à Paris, cet automne)… Un univers décidément bien vivant et passionnant. À l’image de notre volubile historien !
BIO EXPRESS
10/01/1957 : naissance à Brasles, dans l’Aisne 1985-90 : professeur de lycée à Château-du-Loir (Sarthe) 1990-93 : responsable des archives et du musée chez Christofl e 1993 : maître de conférences à Lille 2004 : arrivée à Tours 2011 : chaire UNESCO