En 2014, il a été nommé directeur artistique de l’Orchestre Symphonique d’Orléans. Une mission que ce virtuose humble et enthousiaste apprécie à sa juste valeur…
Le chef d’orchestre est un homme de geste, mais il arrive qu’il ne soit pas manchot avec les mots. Ainsi, Marius Stieghorst ne pratique la langue de Molière que depuis cinq ans ; il bute parfois sur quelques suffixes, mais demande toujours à être corrigé lorsqu’il présuppose une maladresse. Le signe d’un perfectionnisme somme toute assez légitime quand on pratique un métier comme le sien, qui oblige à ce que tout soit réglé comme du papier… à musique.
Mais si Marius Stieghorst est un cérébral et un « bourreau de travail », comme on le murmure au Conservatoire, il ne néglige pas non plus sa part de sensibilité. « La musique, c’est de l’émotion, déclare-t-il. Les gens qui en font ne peuvent pas être agressifs. S’il n’y a pas d’amour avec tes musiciens quand tu diriges un orchestre, il est difficile de pouvoir respirer ensemble… » À l’Orchestre Symphonique d’Orléans, dont il a pris la direction l’année dernière, il a ainsi posé cette vision toute en légèreté et empreinte d’un profond respect envers ceux qu’il doit guider. « Quand je suis arrivé, personne ne me connaissait et je ne connaissais personne », sourit-il. Sauf qu’il huma dès le départ une « alchimie » qu’il fait aujourd’hui prospérer, tout en découvrant par petites touches les charmes d’une ville qui le surprend. Se sent-il pour autant chez lui ? « Je crois qu’on ne va pas encore me donner tout de suite ma carte d’identité orléanaise… », répond-il malicieusement.
« Chaque jour, je travaille sur moi »
Son passeport est allemand, mais Marius Stieghorst ne s’embarrasse pas de frontières. Il dit que son pays natal ne lui manque pas, parce que « la musique est un langage international ». Un langage qu’il apprend depuis ses 4 ans, âge auquel il commença le piano. À 15 ans, il mena pour la première fois un concert dont il garde aujourd’hui un merveilleux souvenir. Mais la direction d’orchestre, ce fils de flûtiste (par son père) et de pianiste (par sa mère), l’a, paraît-il, toujours eue dans le sang. « Je baigne dedans », résume-t-il, en admettant cependant prendre désormais un peu plus de recul sur sa fulgurante trajectoire. « Depuis un an, je réfléchis un peu plus », énonce-t-il, mystérieux.
Et de réflexions, l’homme en est empli. Pas seulement sur la musique, mais sur ce monde qui l’entoure, et en particulier sur ces deux cultures, l’allemande, et la française dont il s’imprègne depuis cinq ans. « Il faudrait que l’on travaille davantage sur l’échange entre nos deux pays. Car si l’on pouvait faire un mix des deux, ce serait vraiment formidable. » Lui est un exemple vivant de ce rapprochement, puisqu’en plus de sa mission orléanaise, il travaille à la direction musicale de l’Opéra national de Paris. « À Bastille, je dors parfois dans une chambre qui possède une très belle vue sur la capitale. Je ne peux pas m’habituer à ça. » Sa petite musique de chambre, en quelque sorte.
Bio express
29/07/1973 : naissance à Kaiserlautern (All)
1995 : entre à l’École supérieure d’État de la musique de Karlsruhe
2014 : prend en main la direction de l’Orchestre Symphonique d’Orléans