Quelle plus belle occasion que la Journée de la femme pour évoquer le travail de Mireille Miller, peintre française installée à New York depuis 1980 ? Rencontre avec une artiste engagée.
Mireille Miller est artiste peintre et enseigne l’art au Lycée français de New York. Elle partage son travail et ses réflexions sur le rôle des femmes avec ses élèves. La peintre a réuni pas moins de 162 femmes sur un triptyque. Une œuvre singulière et militante, qui met à l’honneur toutes les femmes qui ont, chacune à leur manière, marqué leur époque, qu’elles soient, sportives, scientifiques, politiciennes, actrices… Mireille les a choisies pour leur contribution à l’évolution de notre société.
Comment êtes-vous arrivée à New York et pourquoi y êtes-vous restée ?
Je suis venue ici pour la première fois en 1975 dans la famille qui avait accueilli ma sœur aînée. Elle était jeune fille au pair et a disparu dans un incendie criminel. J’avais 17 ans, l’art faisait déjà partie de ma vie. Ici, tout me semblait possible, je me sentais moins libre en France où la place de la femme était plus établie. C’est l’esprit des pionniers américains qui résonnait avec mon être profond.
Comment avez-vous construit ce triptyque qui rend hommage aux femmes ?
J’ai d’abord fait des recherches pendant deux ans pour identifier les femmes qui avaient laissé leur empreinte sur l’évolution de notre société. Parmi les 300 que j’ai découvertes, j’en ai sélectionné 162. Les événements du 11-Septembre ont bouleversé la conception de ce travail. Ce tableau m’a permis d’ouvrir des conversations à travers ces femmes qui traversent le temps. La mise en scène a été très importante, influencée par la vie et les combats de chacune. J’ai essayé de mettre ensemble des femmes qui n’étaient a priori pas compatibles. Ce tableau a été exposé au siège des Nations-Unies et à Genève en 2006 pour le 5e anniversaire de la commission sur le statut des femmes.
Parlez-nous des suffragettes…
En 2010, à l’occasion du 90e anniversaire du suffrage universel aux États-Unis, j’ai travaillé avec mes élèves sur le parcours des suffragettes qui ont milité au risque de leur vie. En parallèle est née une toile pour rendre hommage à leur courage. J’ai de l’admiration pour ces femmes. Je ne sais pas si moi-même j’aurais eu leur force.
De quelle façon conjuguez-vous créations personnelles et enseignement ?
Ce n’est pas facile, il ne faut pas se perdre. Je partage mon temps entre mon atelier, pendant mes vacances, et l’enseignement. Mais j’ai la chance de m’adresser à des élèves curieux, issus de familles d’expatriés. Ils connaissent déjà beaucoup de choses. Je m’efforce de transmettre avec sincérité. J’ai construit avec eux un projet sur l’histoire des femmes de leur famille, en retraçant le parcours de la première femme ayant voté.
Quelle est votre « french touch » après 35 ans ici ?
Je suis bilingue et biculturelle. Les femmes américaines sont plus émancipées, plus autonomes que les femmes françaises. Elles étaient pionnières autant que les hommes, c’est dans leur ADN. Je n’ai pas cette totale assurance qui leur est propre, j’ai une certaine réserve qui vient sans doute de mon éducation.
En savoir plus sur l’artiste :
www.mireillemiller.com