Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

On adopte la green attitude, mais la vraie

 

Atelier du samedi matin à Re'Cycle
Atelier du samedi matin à Re’Cycle

Au cas où vous n’auriez pas remarqué, le dérèglement climatique est en marche. Inexorable. Pour éviter d’accélérer le processus, il est peut-être encore temps d’adopter des principes respectueux de l’environnement. Dans ce cadre, le bio serait la réponse à tout ? Pas si vite…

Dans notre monde éclairé, la « mode verte », consécutive aux scandales sanitaires du type vache folle et aux bouleversements climatiques en cours, a mis du « développement durable » partout. À partir du milieu des années 2000, plus moyen d’ouvrir un magazine, d’allumer une télé, sans lire ou entendre parler de « développement durable ». C’est aussi à cette période que le bio* a commencé à s’inviter dans nos assiettes, jusqu’à y occuper une place de plus en plus grande : selon le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), 75 % des Français aujourd’hui achètent du bio, 25 % d’entre nous une fois par semaine (et 2 % ne consomment que bio). Légumes, fruits, œufs arrivent en tête, tandis que les produits non alimentaires représentent 28 % des dépenses.

Avec un marché de 4,17 milliards d’euros (en 2012), le bio est un indéniable succès, qui a encore une belle marge de progression. Un succès qui doit beaucoup à la grande distribution…

Paradoxes

Dans les années 2000, tandis que les médias tiraient à boulets rouges sur l’agriculture conventionnelle, les géants de la grande distribution (GD), reniflant la bonne affaire, se plaçaient sur le juteux marché du bio, en plein essor et affichant des prix plus élevés (car les produits nécessitaient plus de main-d’œuvre, plus d’espace, etc.). Or, méga-business et éthique ne faisant pas forcément bon ménage, des dérives sont apparues. S’approvisionner auprès des producteurs locaux ? N’y pensez surtout pas ! Comment aurions-nous des fraises au mois de janvier dans ces conditions ? Les groupes de la GD se sont donc mis à importer en masse, et continuent de le faire : plus de 35 % des produits labellisés bio consommés en France sont importés. « Le système est fondé sur la production en grandes quantités et à coûts réduits, grâce à des techniques de cultures industrielles, à l’exploitation de la main-d’œuvre et au pillage des ressources naturelles, de fruits et légumes labellisés bio au Maroc, en Italie, etc. » (La bio, entre business et projet de société, Philippe Baqué). Des produits vendus facilement deux à trois fois plus chers que les non bio. Passons sur le bilan carbone catastrophique de ces marchandises envoyées par camion et avion depuis les pays chauds. Vous avez dit « paradoxe » ?

À tomber fou

Le comble est atteint avec le lait. Depuis qu’ils ne peuvent plus être gavés de farines animales, les élevages sont nourris de soja, peu produit en France car moins intéressant que les céréales dont les prix flambent régulièrement. Donc, nous importons du soja du Brésil. Mais le circuit est le même pour les producteurs de lait industriel bio, qui importent du soja bio cultivé sur des parcelles gagnées à grands coups de déforestation ! Un non-sens absolu que ne contrarient pas les labels européens, écrit encore Philippe Baqué dans son ouvrage. La cosmétique n’en est pas exempte : les petits paysans colombiens sont exclus de leurs parcelles par les grands groupes, pour faire pousser, en lieu et place des modestes cultures vivrières, des plantations de palmiers dont est extraite de l’huile de palme bio. Celle que l’on retrouve dans nos produits dits bio, ou du moins répondant aux critères plus souples du marketing vert…

 La bonne attitude

On l’a compris, pour éviter des acheminements hyper-polluants et le cautionnement d’actes répréhensibles, il faut, au niveau alimentaire du moins, s’approvisionner local. Mais bien sûr, la « green attitude », qui s’entend dans un sens plus large que le simple achat de produit alimentaires bio locaux, suppose l’adoption de certains réflexes. Comme s’assurer que les produits de beauté que l’on acquiert sont garantis par Cosmebio, une charte mise au point par les professionnels français de la cosmétique bio, ce domaine échappant à une règlementation spécifique. Et si vous craquez pour des vêtements bio, assurez-vous qu’ils sont labellisés, au minimum, par Ecocert, BioRe, Eko, Naturtextil ou Oko tex. Tous garantissent des conditions de production respectueuses de l’environnement, mais aussi des êtres humains…

La France en mode green

Le bio consommé à domicile, c’est 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012, contre 2,1 milliards en 2007. La consommation de produits bio s’accroît de 10 % par an. 39 % des Français déclarent aujourd’hui ne jamais manger de produits bio, contre 53 % en 2002. 4,7 % des fermes françaises se sont converties à la bio. 1 producteur sur 2 pratique la vente directe. 2,7 % des produits cosmétiques sont bio.

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