Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

On s’engage ! … mais pour quelles causes ?

Aide aux plus démunis, aux orphelins, aux victimes d’abus sexuels, aux sans-papiers, défense de la culture bio, du commerce équitable… S’il n’y a pas que la lutte pour l’égalité hommes-femmes qui motive ces dernières, c’est pourtant ce combat-là qui sous-tend tout le reste. Sébastien Drouet

Le décès de Simone Veil le 30 juin dernier a remis en lumière l’engagement de l’ancienne ministre en faveur des femmes. D’autres avant elle ont laissé leur nom dans l’histoire, et beaucoup ont suivi son exemple. Mais l’engagement au féminin ne se résume pas au féminisme ou à la lutte pour l’égalité hommes-femmes – même s’il reste du chemin à faire. Comme l’a montré Sophie Rétif*, les causes sociales et humanitaires, celles qui visent à rendre la société plus juste et plus durable, attirent les femmes qui ne font pas entendre leur voix que pour revendiquer leurs droits (vote, divorce, contraception, congé maternité, avortement, etc.). Il ne s’agit pas d’une impression, d’un sentiment : selon une étude du Réseau international d’Échanges d’Expériences et de Réflexions utiles à l’Action, en-dehors des luttes féministes (au sens large du terme), l’essentiel des luttes des femmes est centré sur la paix et sur le bien-être de tous… sans pour autant que cela soit éloigné de leurs combats égalitaristes ; les femmes estiment en effet que le rééquilibrage des rapports sociaux hommes-femmes pourrait influencer positivement l’humanisation de la société, l’écologie, etc.

Leurs champs d’action ? Sans surprise : l’aide aux plus démunis, aux orphelins, aux victimes d’abus sexuels, aux sans-papiers, ou, dans d’autres registres, la défense de la culture bio, du commerce équitable, le développement des énergies renouvelables…

Des posts plutôt que des tracts

Engagement, oui, mais par quel biais ? En fait, plusieurs possibilités s’offrent aux « motivées » : la profession, qui permet de vivre au quotidien un idéal (et d’en vivre) ; la politique, le pouvoir au féminin ayant encore une belle marge de progression sur ce plan ; le volontariat, comme cette professeure des écoles qui est aussi pompier « pour aider la population » ; le syndicalisme, longtemps un monde masculin, importance des secteurs primaire et secondaire oblige, mais où les femmes se font de plus en plus entendre – elles représentent 42 % des syndiqués en Europe actuellement (on notera l’arrivée récente à la tête de la FNSEA, premier syndicat agricole français, de Christiane Lambert) ; et le bénévolat au sein de structures associatives ou humanitaires. Quant aux outils pour diffuser la bonne parole, ils ont là aussi évolué et laissent plus de place aux femmes. Il y a moins de tractage dans la rue, davantage de présence sur le web. Les femmes partagent plus que les hommes, font un meilleur usage des réseaux sociaux, Facebook en tête.

De plus en plus de présidentes

Et le bénévolat ? Il a bien progressé entre 2010 et 2013, concernant jusqu’à 20 millions de personnes en France (un bénévolat au sens très large du terme, incluant par exemple le coup de main à la kermesse de l’école…), avant de fléchir (- 2,2 %) entre 2013 et 2016**. Plus sérieusement, dans les associations françaises, on compte 6,4 millions de femmes bénévoles, contre 6,7 millions d’hommes. Les femmes sont infiniment plus nombreuses dans ces structures-là que dans les partis ou les syndicats moins accueillants pour elles ; elles estiment avoir davantage de liberté d’action dans la sphère associative, milieu selon elle plus probe, qui plus est… De plus, les enquêtes récentes montrent une féminisation lente, mais visible, des présidences d’associations : un tiers des présidents d’associations sont… des présidentes***. Sans surprise là non plus, elles administrent plus fréquemment des associations culturelles (où elles représentent 44 % des présidents), ou qui concernent les secteurs de l’éducation, de l’information, de l’insertion ou de l’action humanitaire et caritative. Le sport, lui, est encore réservé aux messieurs.
Jusqu’à quand ?

*« Logiques de genre dans l’engagement associatif », Dalloz-Sirey, 2013

**France Bénévolat

***womenology.fr 

 

 

L’engagement des femmes dans la Croix-Rouge 

Dès la création de la vénérable institution (1864), la question de la présence des femmes ne se pose même pas. Et pourtant, elles se sentent concernées ; pourquoi ne le seraient-elles pas ? Sur les champs de bataille, elles perdent des maris, des pères, des frères, des oncles… Pendant la guerre de 1870, les femmes françaises commencent à soigner les blessés. Peu à peu, les hauts dirigeants se rendent compte de deux choses : ils manquent de soignants, mais il y a un fort potentiel de mobilisation des femmes. À partir de là, la première école d’ambulancières et garde-malades ouvre ses portes en 1877. Peu après, en 1879, la première association féminine française, sobrement mais justement baptisée Association des dames françaises, est créée. Son objet ? Porter secours aux soldats blessés… comme c’est déjà le cas dans d’autres pays. Étant de plus en plus présentes sur les différents théâtres d’opération, les Françaises sont expérimentées quand éclate la Première Guerre mondiale : 68 000 d’entre elles seront mobilisées sur le front, avec une efficacité, un don de soi, qui n’est plus à démontrer. (Source : Croix-Rouge française)

Des exemples célèbres

On connaît l’engagement de Simone Veil ou Emmeline Pankhurst, et de nombreuses autres, pour la cause des femmes, mais connaissez-vous celui, plus personnel, d’autres célébrités ? Marie Curie par exemple, prix Nobel de physique (avec son mari) et de chimie qui, pendant le premier conflit mondial, amène sur le front, au plus près des blessés, la technique très utile des rayons X. On pourrait aussi parler des femmes engagées dans la Résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale, de l’héroïque Lucie Aubrac à Elsa Triolet, en passant par Joséphine Baker, décorée par la suite par le général de Gaulle en personne. Une artiste engagée aussi contre le racisme, au point de marcher avec Martin Luther King en 1963… et de fonder une « famille arc-en-ciel » en adoptant douze enfants d’origines diverses. Mais encore : Simone Signoret, en 1950, signe l’Appel de Stockholm pour l’interdiction de l’arme atomique (elle s’engagera plus tard pour Solidarnosc ou SOS racisme), tandis qu’Isabelle Adjani, en 1989, lit un extrait des Versets sataniques, de Salman Rushdie, en recevant son César de meilleure actrice. Enfin, nous n’oublierons pas Brigitte Bardot, passionaria de la cause animale…

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