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Pierre Besançon : Au nom du père

Partager un couscous avec un prêtre, il fallait y penser. C’est lui qui en a eu l’idée. Entre une merguez et une gorgée de rouge, il s’est longuement raconté. « C’est une confession que vous me faites ! », s’est-il emporté avec humour. Quand on l’a quitté en lui promettant de le revoir, il n’a pas pu s’empêcher : « Chez moi, c’est compliqué : je dis toujours que ma femme ne veut pas recevoir… » Pierre Besançon parle de tout et sans tabou, ne pousse pas les hauts cris quand on lui demande s’il pourrait par exemple marier des homosexuels, et évoque le célibat des prêtres sans pudibonderie. « Cette question a pu me poser problème, mais je me disais que le plus dur était de tenir le coup jusqu’à 50 ans… Mais je n’ai jamais pris cela comme un vide. » De toute façon, Pierre Besançon n’est jamais seul très longtemps. « J’aime tellement les contacts et les rencontres… », reconnaît-il. Son paradis, c’est les autres. Qu’il prend « sans les juger. Comme le Christ, qui se le faisait reprocher en son temps par les bons Pharisiens… », justifie-t-il. Aucune arrière-pensée dans ce souci de proximité. « La religion qui veut faire du prosélytisme ou de la morale ne m’intéresse pas. » Lui porte d’ailleurs un message d’une candeur infinie. « Il faut croire en l’amour ». Et Dieu dans tout ça ? « Il nous laisse libre. Ce n’est pas lui qui nous condamne, c’est nous qui nous condamnons en refusant son amour. » Le sien, il l’offre en partage, comme le chantait Brel, qu’il adore. Sans faire de distinction de dieu(x) ou de préférences sexuelles, donc. « La foi, c’est aider quelqu’un à trouver sa voie dans la vérité de lui-même », résume-il joliment. Pour sa part, Pierre Besançon a fini par se trouver au contact des jeunes, un autre de ses fils rouges. « J’ai dirigé pendant 35 ans des colonies de vacances à Perros-Guirec, le plus beau coin du monde », s’enthousiasme-t-il. Il a aussi cornaqué une chorale de petits chanteurs, qu’il a emmenés jusqu’à Rome. Il connaît bien l’enfance, ses joies comme ses « très grandes douleurs ». Les siennes, ce furent celles d’un petit garçon né le 6 juin 1939 qui grandit au son des bombardements. « J’ai pris très tôt conscience de la mort, de la haine, de la faim, des gens qui pleurent, et qu’il faut réconforter. » La guerre qui prit aussi son père, atteint de tuberculose, quelques mois après son retour. « J’avais six ans quand il est mort. Il m’a manqué pour me botter le cul. Je dis souvent que je n’ai pas eu d’homme dans ma vie… » Lui-même avoue que sa quête de Père a peut-être pris une tournure majuscule à cet instant-là. Tous les chemins mènent à l’Homme.

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