Le coin de l’œil qui perle en évoquant la magie de sa profession, Cécile Boutault, sage-femme, nous éclaire sur l’un des plus vieux métiers du monde.
Avec un taux de natalité record en Europe, la France compte pourtant peu de sages-femmes comparée à ses voisins européens. La pénurie de gynécologues favorise toutefois une revalorisation de la sage-femme, métier qui requiert des compétences techniques et médicales, mais aussi humaines. Après avoir œuvré une quinzaine d’années en hôpital, Cécile est sage-femme libérale depuis treize ans. Elle nous livre sa vision du métier.
Quel est le rôle de la sage-femme ?
Il est très varié, entre la déclaration et le suivi de grossesse, la préparation à l’accouchement, les suites de couches et les consultations obstétricales. À la moindre pathologie, la sage-femme oriente ses patientes vers le médecin ou le gynécologue-obstétricien. Pour ma part, je fais aussi beaucoup de « service après-ventre » : conseils pour l’allaitement, rééducation périnéale ou toute autre difficulté ponctuelle concernant le bébé ou la maman. Mais comme la majorité de mes collègues en libéral, je ne pratique plus d’accouchements.
18 % des sages-femmes travaillent dans leur propre cabinet. Salarié ou libéral, quelles différences ?
La pratique du métier en hôpital est très technique, la sage-femme prend en charge l’accouchement et l’épisiotomie, elle travaille en étroite collaboration avec le gynécologue et le personnel médical, et gère parfois des situations d’urgence. En libéral, je suis un peu sage-femme de famille, j’accompagne les femmes du début de la grossesse jusqu’après l’accouchement et je peux prendre davantage le temps d’expliquer les choses. Accompagner ainsi les couples autour d’un nouvel être qui se crée est totalement fascinant. Bien sûr, il est plus dur de bien en vivre en libéral, sans salaire fixe.
Vous proposez l’haptonomie comme préparation à la naissance. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Je souhaite faire place à la part de l’humain dans la naissance, et aussi investir le papa. Je guide ce dernier pour lui apprendre le toucher affectif. Quand un bébé danse sous ses doigts, c’est extraordinaire ! Un lien fort se crée déjà entre eux.
Les responsabilités de la sage-femme évoluent-elles actuellement ?
Oui, notre statut évolue. Nous avons depuis peu le droit de prescrire tous les médicaments en relation avec la grossesse, et nous sommes désormais aptes à pratiquer les surveillances gynécologiques de dépistage. C’est pourquoi je me forme à cela actuellement.
Quelles qualités doit posséder une sage-femme, selon vous ?
Avoir envie d’aller vers les autres, tout en faisant preuve de discrétion, car on est au cœur de l’intimité des couples. Être à l’écoute, savoir se montrer empathique pour gérer les situations douloureuses, car accoucher est loin d’être un acte anodin. Enfin, il faut se remettre en question sans arrêt et se perfectionner en permanence.
Les hommes ont accès à la profession depuis 1982. Qu’en pensez-vous ?
C’est compliqué, car accoucher est un acte féminin par nature. Je ne doute pas que les hommes puissent être de très bons hommes sages-femmes, mais j’ai peur qu’ils soient plus des techniciens. La sage-femme a un statut un peu maternel, car je pense qu’il est plus facile d’accoucher si l’on se sent maternée.
QUELLE FORMATION ?
Profession médicale à responsabilité limitée, le métier de sage-femme nécessite cinq années de formation dont la première est commune aux études de médecine, dentiste et kinésithérapeute. On peut ensuite exercer dans un établissement hospitalier public ou privé, en PMI ou en libéral.