C’est notamment grâce à cet artiste plasticien que l’art contemporain a encore droit de cité à Orléans. Portrait d’un garçon aux doux visages.
Il tique un peu quand on évoque la condition de l’artiste torturé. « C’est une image du XIXe siècle ! », balaye Sébastien Pons d’un revers de main, lui dont la bonne humeur n’est pas une vue de l’esprit. Qui naviguerait vers le site Internet de l’artiste pour visualiser l’évolution de son travail pourrait pourtant croire que le bonhomme est du genre tiraillé. Des visages, des figures, comme
le chanterait Noir Désir… « Le crâne ? C’est quelque chose
de très vivant et de pas du tout morbide, se défend-il.
C’est notre visage du dessous… »
Que se cache-t-il sous celui de ce garçon à la mèche audacieuse, qui commença à dessiner à l’âge de 3 ans, et prit ensuite des cours avec la bénédiction de ses parents, à qui « tout cela ne paraissait pas dangereux » ? Difficile à savoir, car si Sébastien Pons est facile d’accès, il paraît prendre plaisir à brouiller les pistes. Pourtant, les chemins qu’il emprunta au cours de sa maturation artistique sont identifiables : lycée Pothier dans une classe spécialisée « audiovisuel », entrée aux Beaux-Arts en 1993, passage à la DRAC avec une double casquette de photographe et maquettiste, puis début de sa propre odyssée professionnelle. « Je me suis lancé tout seul, en tant que tout ce que je savais faire » (sic), sourit-il, le sens de la formule au moins aussi élaboré que celui de la forme…
Un collectif pas « narcissico-promotionnel »
À 38 ans, il assure aujourd’hui qu’il a « encore des choses
à dire ». Mais l’un de ses autres moyens d’expression
consiste à faire émerger de jeunes artistes par le biais de
la galerie Oulan-Bator, située rue des Curés, matérialisation concrète des objectifs du collectif « Le pays où le ciel est toujours bleu », dont il est le directeur artistique. Depuis mi-septembre, des artistes lyonnais viennent d’ailleurs y proposer leurs « Manigances ». « C’est tellement riche intellectuellement et humainement », s’enthousiasme Sébastien. Devenu lui-même enseignant aux Beaux-Arts, celui qui fut aussi un temps prof’ d’arts plastiques dans
une classe SEGPA*, se fait en effet une joie de transmettre un savoir-faire, qu’il vienne de lui ou des autres.
On se demande alors pourquoi ce garçon aux idées longues, qui a exposé à Berlin et Paris, a fait le choix de rester à Orléans. Il répond qu’il « s’est fait une place », que la « galerie s’est affirmée » dans une ville « où il y a un manque d’art contemporain ». Du bon sens à l’état brut, et aucune angoisse avérée du présent et de l’avenir : « Tout ceci est très incertain, mais en même temps, c’est l’aventure… Je ne me projette pas plus que lorsque j’étais étudiant aux Beaux-Arts. » Compte tenu de ses inspirations, Sébastien Pons est, paradoxalement, un homme qui a bien du mal à crâner.
*Sections d’enseignement général et professionnel adapté
Bio
20 avril 1975 : naissance à Gien (45)
1998 : reçoit son Diplôme National Supérieur de l’Expression Plastique
1999 : création du collectif « Le pays où le ciel est toujours bleu »
Fin 2013 : participera à l’exposition « Voulez-vous faire la mort avec moi ? », à Nantes