Est-ce qu’un individu peut n’être ni un homme, ni une femme, ou les deux à la fois ? Julie Polizzi
À l’image de nombreux autres animaux, l’espèce humaine se caractérise par une binarité des sexes. En d’autres termes, les individus naissent biologiquement avec les attributs de reproduction d’un mâle ou d’une femelle. Mais il peut parfois arriver qu’une anomalie biologique dote un bébé des deux sexes. Or, d’après les scientifiques, cet hermaphrodisme accidentel concernerait quelque deux cents nourrissons chaque année en France. Autant d’enfants pouvant posséder à la fois un utérus, un vagin, un pénis et des testicules.
Dans une société fondée sur la dualité de l’homme et de la femme, cet état d’intersexualité est encore difficilement accepté. La chirurgie se charge le plus souvent d’attribuer un seul sexe au bébé et ce, sans qu’il n’y ait forcément d’obligation médicale de l’opérer. Des traitements hormonaux peuvent également être utilisés pour affirmer davantage un sexe sur l’autre.
À l’heure de l’inscription à l’état civil, il faut de toute façon bien choisir entre la case homme et femme… Mais les choses bougent. Le Népal a reconnu l’existence d’un « troisième genre », tandis que l’Allemagne permet depuis 2013 de ne pas mentionner le sexe sur l’acte de naissance, lorsqu’il ne peut pas être déterminé. Si, en France, une circulaire de 2011 propose la même solution, elle n’est en revanche que provisoire, le temps que « des traitements appropriés » puissent déterminer le sexe.
Malgré tout, le tribunal de Tours a récemment jugé que l’état civil masculin de M.X devait être rectifié, 65 ans après sa naissance, et comporter une « mention neutre », eu égard à son « intersexualité ».
Si la justice a ainsi ouvert la voie à la reconnaissance des personnes intersexes, rien n’est encore acquis puisque le parquet a fait appel de la décision