Natacha Griffaut, 31 ans, est chiroptérologue, une activité méconnue qu’elle a choisie à l’issue de ses études de biologie. Dans ce domaine très particulier, la Touraine est une région plutôt bien pourvue. Et ce n’est pas un hasard…
N’ayez crainte : chez nous, les chauves-souris n’atteignent, pour les plus communes, que 10 cm d’envergure, et ne sucent pas le sang des animaux comme les vampires d’Amérique du Sud ! Ce sont donc de pacifiques petits mammifères que Natacha Griffaut, chiroptérologue de son état (« chiroptère » étant le nom scientifique de la chauve-souris), étudie sous l’égide de la Ligue pour la Protection des Oiseaux – que les chauves-souris ne sont certes pas, mais qui y sont rattachées en tant qu’espèces volantes. Des animaux nocturnes, dont le nombre régresse, et qui sont loin d’avoir dévoilé tous leurs secrets. Par exemple, on ignore encore où certaines espèces hibernent. À Natacha et aux autres passionnés de trouver les réponses en se penchant sur ces sujets qui se retrouvent en nombre dans l’Indre-et-Loire (23 espèces sur 35 en France, sachant qu’il y en a 1 200 dans le monde), département riche en cavités leur servant d’abris durant l’hiver : « Nous travaillons notamment avec des spéléologues, amenés à rencontrer des chauves-souris, ainsi qu’avec d’autres associations bénévoles. Nous nous partageons le département par secteurs, mais nous n’avons pas encore visité toutes les grottes, caves, anciennes carrières d’Indre-et-Loire. » L’été, les pipistrelles, les plus communes, se trouvent dans des greniers, des granges, ou dans des arbres, à la campagne ou en milieu semi-urbain : on a tous vu des chauves-souris tourner autour des lampadaires l’été, au crépuscule…
Missions variées
Natacha est arrivée à la LPO Touraine en 2016 en tant que chargée d’études chiroptères. « Entre autres missions, j’assure des opérations de comptage sur les différents terrains afin de suivre leur évolution, et j’accompagne des particuliers qui ont des chauves-souris chez eux pour gérer cette situation au mieux, car on ne détruit pas les chauves-souris, qui sont protégées ! Mais ce ne sont pas des rongeurs, elles ne font pas de dégâts. » Elle mène aussi des inventaires de biodiversité, demandés par les communes, et l’été encadre des sorties nature avec des particuliers (une par mois de mai à septembre).
Mais qu’est-ce qui a poussé Natacha à se prendre de passion pour cet insectivore nocturne sur lequel pèsent de nombreuses légendes et contre-vérités (ainsi, bien que se déplaçant aux ultra-sons, il n’est pas aveugle et ne se prend pas dans nos cheveux) ? « Depuis toute petite, je voulais travailler pour la protection des animaux. Je me suis orientée vers des études de biologie, spécialisées en éthologie (comportement animal), à Rennes, tout en étant bénévole dans des associations. Je me suis formée sur les oiseaux, mais étant plus intéressée par les mammifères, j’ai découvert les chauves-souris avec le groupe mammalogique breton. » Une offre d’éco-volontariat de la LPO Touraine devait la mener jusqu’aux bords de la Loire et du Cher. Comme on l’a vu, un beau terrain de jeu pour notre chiroptérologue !
Sébastien Drouet