Sur les 500 chauffeurs employés par Keolis, 20 % sont des femmes ; la moitié d’entre elles conduisent des trams. Sylvie Lobry, 48 ans, est arrivée de Toulon il y a trois ans. Conductrice de bus depuis 2004, elle a passé son habilitation pour piloter aussi le tramway. Elle partage son temps de travail entre les deux moyens de locomotion. Propos recueillis par Axel Besse
8 h
Quand je ne travaille pas le matin, c’est l’heure à laquelle je me lève. Les horaires ne sont pas les mêmes d’un jour sur l’autre, mais en général, on travaille le matin pendant une semaine, puis l’après-midi la semaine qui suit.
Aujourd’hui, je m’occupe de ma maison, située à Monts, et de mon jardin. Je me pose, je vais marcher, je fais du vélo… Je me suis bien acclimatée à la Touraine, mais les gens sont très différents des Toulonnais, qui sont beaucoup plus bavards ! Mais moi, je suis originaire du Nord, d’une petite commune au-dessus de Lille ; j’ai l’habitude de voyager.
11 h 30
Je déjeune en pensant au long après-midi qui s’annonce. Mais j’emporte un petit quelque chose à manger dans mon sac… Puis je pars. Je vais mettre une petite demi-heure pour arriver jusqu’au centre de maintenance de Tours-Nord, où j’indiquerai ma prise de service en notant mon numéro d’agent.
Nous sommes 10 à 12 % de femmes parmi les « tramistes » ; ça ne pose aucun souci, on ne m’a jamais fait la moindre remarque. Cela peut arriver quand je conduis les bus, de la part des automobilistes… Mais il peut aussi nous arriver des choses positives, des personnes qui viennent nous voir pour nous dire « merci, vous avez bien conduit ». Franchement,
ça fait plaisir !
13 h 16
L’horaire est précis ! Je relève un collègue à Vaucanson. Quand il faut sortir un tram du centre de maintenance, il y a toute une série de points à vérifier avant de partir. Même chose quand on le rentre. Cela nous prend précisément 17 minutes. Mais ce n’est pas le cas cette fois-ci, puisque le tramway est déjà en train de rouler.
C’est parti pour travailler jusqu’à 20 h 30, où je serai relevée à mon tour à la gare. Mais entre-temps, j’aurai été relevée déjà une fois, après un aller-retour (ce qui prend deux fois 48 minutes), et j’aurai pris la rame suivante. C’est toute une organisation ! Cela me permet d’avoir une coupure appréciable, 6 ou 7 minutes…
20 h 30
J’ai terminé, mais je reste dans le tram qui me ramène à Tours-Nord où je vais récupérer ma voiture. Parfois, je finis plus tard. Cela peut aller jusqu’à 23 h 30 en ce qui me concerne. Je n’ai pas peur. On n’est jamais seul, on reste tout le temps en communication avec le PC. On a un bouton d’appel d’urgence, il y a des contrôleurs sur l’ensemble du réseau… Pas de problème.
Le plus tôt pour commencer, c’est 4 h 20. J’aime cet horaire. La ville se réveille, les marchés s’installent. D’un moment à l’autre de la journée, l’ambiance sera vraiment différente.
21 h 30
Je suis de retour à la maison. Mon mari a préparé le repas, nous allons discuter de nos journées respectives, de ce métier que j’ai choisi par hasard, à Toulon, après avoir travaillé dans le commerce pendant quinze ans. J’ai vu une affiche là-bas, à Pôle Emploi : « Pourquoi pas vous ? » Alors, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? »