Exaltation intense et dépression tout aussi violente : les troubles bipolaires ne laissent que peu de répit à ceux qui en souffrent.
La bipolarité est une maladie psychiatrique chronique qui se traduit par une alternance de phases d’euphorie (dites « up ») et de phases de dépression (dites « down »).
Dans les « up », le malade ne ressent plus la fatigue, délire, se croit infaillible, investi d’une mission, se prend pour Dieu, achète ou sort de manière inconsidérée… Au contraire, en période « down », il se replie sur lui-même, se dévalorise complètement. On estime qu’environ 600 000 personnes en France en sont atteintes.
Marie-Claire, bipolaire depuis 15 ans, décrit sa maladie comme une curieuse recette mêlant « un zeste de génétique, une pincée d’environnemental et un déclencheur ». Un mélange un peu indigeste qui lui « pourrit la vie »… Cette pathologie est effectivement le résultat d’une interaction complexe entre hérédité et contexte social et éducatif. Pour amorcer la bombe, un déclencheur est nécessaire : il peut s’agir d’un deuil, d’une maladie grave à affronter, d’un divorce…
Avec cette maladie, pas évident de travailler ou de faire des projets. Dans sa phase dite « up », le malade peut se discréditer gravement devant son entourage professionnel. Durant sa période « down », le malade peut se cloîtrer chez lui, ne plus pouvoir sortir de son lit, d’où des arrêts maladie qui se répètent aussi souvent que les périodes de dépression… Pas de quoi se faire élire meilleur employé de l’année…
La plupart des bipolaires dissimulent donc leur pathologie. C’est pourquoi elle est si mal connue et si mal diagnostiquée. Les malades sont ainsi souvent traités pour dépression : ils consultent uniquement lors de leur phase « down ». Vous iriez voir votre médecin pour vous plaindre que vous pétez la forme ?
Mal prise en charge, la bipolarité est la pathologie psychiatrique associée au plus fort risque de décès par suicide : un patient sur deux fait une tentative.
Un traitement chimique pour stabiliser l’humeur
Le traitement, à base de thymorégulateurs, consiste à stabiliser l’humeur, à la « lisser ». « Une approche psychothérapeutique, associée au traitement chimique, est la bienvenue », déclare le docteur Jean Delaunay, directeur des soins au Centre Hospitalier Georges Daumezon de Fleury-les-Aubrais. Les spécialistes proposent ainsi à leurs patients des séances de thérapie comportementale et cognitive ou de la psychoéducation. L’important, c’est d’apprendre à « accepter de ne plus jamais être comme avant… », souligne Marie-Claire. « Il est maintenant établi que ces troubles sont liés à des anomalies dans la production et la transmission des neurotransmetteurs. Les progrès de la recherche en neurobiologie et en pharmacologie présupposent des améliorations potentielles à court ou à moyen terme », conclut le docteur Delaunay.
Un vif espoir pour les malades…