L’ancestrale tradition napolitaine du “café suspendu” s’est répandue à Bordeaux comme une trainée de poudre. Simple buzz ou concept solidaire et durable ? Edith a enquêté.
Le principe est simple : on commande un café, on en paye deux, reste un café suspendu à inscrire au tableau. Qui le consommera ? La tradition de solidarité du « caffè sospeso » née à Naples voudrait que ce soit une personne dans le besoin. Est-ce vraiment le cas ? « Ce sont surtout les résidents de la maison de retraite située juste en face qui consomment les cafés en attente », énonce Fred, du café Chez Fred, premier bistrot bordelais à avoir lancé ce concept solidaire il y a neuf mois. « Soyons clairs, je ne tiens pas à spécialement à attirer une clientèle de sdf », reconnaît le patron du bar, qui a plutôt mis en place le système pour « créer du lien social ». « C’est un petit plus sympa pour le commerce », reconnaît-il. A l’Oiseau Cabosse, le discours est un peu différent. « Nous venons juste de lancer les cafés en attente et pour l’instant nous en avons un peu trop d’avance, confi e Stéphanie, co-gérante du restaurant. Nous pensons aller les distribuer aux personnes qui pourraient en avoir besoin dans la rue et ainsi les informer qu’ils peuvent venir quand ils le souhaitent prendre un café solidaire au restaurant.»
Une boisson chaude au coeur de l’hiver
Comme l’Oiseau Cabosse, Le Petit Grain, café associatif de quartier, s’inscrit dans une démarche d’entraide. « Nous avions envie de pouvoir offrir une boisson chaude aux personnes qui n’ont pas forcément les moyens de s’en offrir une, notamment au coeur de l’hiver », explique Céline, responsable de l’association. Puisque ce concept solidaire correspond tout à fait à l’identité de l’association, Le Petit Grain aimerait pousser le bouchon un peu plus loin, en mettant en place des soupes suspendues. « C’est un peu plus compliqué à gérer que les cafés, mais nous espérons pouvoir mettre cela en place pour l’hiver prochain. » En attendant, pour se mettre quelque chose de solide sous la dent, il est possible de se rendre A la recherche du pain perdu. Dans cette boulangerie de Saint-Pierre, les baguettes en attente arrivent facilement à leurs destinataires. « Ce sont principalement les personnes de la bagagerie, une sorte de foyer de jour situé à deux pas de la boutique, qui viennent chercher des baguettes », assure Mathieu, le boulanger. « Les clients ont pris l’habitude de mettre quelques pièces dans le bocal destiné aux baguettes à offrir et nous, nous tenons les comptes pour qu’aucune baguette ne se perde dans la nature », explique le boulanger, complètement convaincu par ce principe de solidarité.
Les adresses d’Edith
Chez Fred: 19 place du Palais. Tél. : 06 64 27 40 40.
L’Oiseau Cabosse: 30 rue Sainte-Colombe. Tél. : 05 57 14 02 07
Le Petit Grain: 3, place JJ Dormoy. Tél. : 09 80 43 16 38.
À la recherche du pain perdu: 5 rue de la Cour des Aides. Tél. : 05 56 52 24 06