Il est rivé à son écran du matin au soir, difficile de l’en décrocher quels que soient les arguments…
Si vous reconnaissez votre ado dans cet emploi du temps 2.0, pas de doute, vous êtes en présence d’un geek. Comprenez un accro à l’informatique, spécimen de plus en plus répandu, y compris chez les adultes ! « Il est affolant, il ne sort jamais de sa chambre, c’est un zombie ! » Anne a bien tenté de susciter l’intérêt de son fils Jules, 14 ans, en lui proposant des sorties et autres activités, mais les tentatives se sont toutes soldées par « un flop intégral ». Source de conflit, l’ordinateur s’immisce entre parents et ados. Parfois jusqu’à rompre la communication au sein de la maison. Mais en son sein seulement car, devant l’écran, c’est avec ses 457 « amis Facebook » qu’il communique. Une vie sociale au détriment de la vie de famille : « Quand il est devant son ordi, c’est carrément impossible de lui demander quoi que ce soit. Et, chaque jour, les négociations n’en finissent pas pour qu’il coupe. »
Rentrer dans son univers ?
Certains parents essayent de savoir ce qui se trame sous les cliquetis incessants du clavier. Seulement, entre les « Keske tu fé 2min ? », smileys et autres « lol mdr », difficile d’y retrouver ses petits ! Facebook, MSN : « À peine rentrée du collège, elle fonce sur l’ordinateur pour discuter avec ses copains qu’elle vient à peine de quitter », confie Catherine. Sa fille Manon, 15 ans, lève les yeux au ciel avec ce petit air qui veut tout dire… Tout, sauf des mots d’amour ! Mais à la question « De quoi parlez-vous alors que vous venez de passer la journée ensemble ? », Manon peine à trouver une explication. Finalement ce sera : « Bah… de plein de trucs ! » Nous n’en saurons pas plus. Parents excédés, inquiets ou démissionnaires : chacun sa méthode. Anne est même allée jusqu’à débrancher la connexion, prétextant une panne de réseau, « pour éviter des négociations interminables ». Interdire complètement l’accès à l’ordinateur, et donc aux réseaux sociaux, reviendrait à l’isoler de ses amis.
Alors comment s’y prendre ?
L’avis du psy :
Claire Reigner, psychologue, conseillère conjugale et familiale.
Que conseillez-vous aux parents de geek ?
ll n’y a pas de solution toute faite. Un jeune qui trouve une écoute attentive et respectueuse, un dialogue régulier dans un climat de confiance, au sein des relations familiales, y puisera là la force de prendre sa place au sein de la société. L’usage qu’un jeune a des outils de communication est lié à l’estime qu’il a de lui-même. Et cette estime trouve son origine au cœur de la relation familiale. Les outils de communication pourront alors trouver leur place au cœur de l’espace de vie familiale (salon, bureaux) plutôt que d’encourager l’isolement en disposant un appareil dans chaque chambre.
Les erreurs à ne pas faire ?
Il s’agit de ne pas le couper de la possibilité d’être en relation avec les autres mais d’en faire bon usage. L’en priver entraîne inévitablement une sensation d’incompréhension du jeune qui va réagir avec intensité et parfois avec violence.