L’ex first girl-friend rêvait sans doute d’imposer un style, son style. Elle revendiquait un autre titre que celui exigé par la République. Auto-proclamée dame de cœur, elle s’est très vite muée en dame de pique. Sans limite, ni respect, elle s’est répandue dans des propos intimes vécus ou imaginaires (peu importe) ; emportée par la colère, l’aigreur, elle a agi par vengeance, nuisant autant à elle-même qu’à celui qu’elle visait. En ce sens,
elle n’a pas su rester digne.
Claude, Anne-Aymone, Danielle, Bernadette, Cécilia, Carla, toutes celles qui l’ont précédée, auraient eu sans doute autant de matière pour nourrir des centaines de pages baignées dans l’encre de la vengeance.
Mais ces premières dames-là ont préféré garder leur peine et leur colère dans l’intimité d’un tête-à-tête avec leur président de mari. Elles aussi victimes des effets aphrodisiaques du pouvoir, sans doute blessées par maintes courtisanes, elles ont su garder la tête haute, posture qu’impose cette place. Comme toutes les femmes
qui accompagnent les hommes de pouvoir.
Alors, à celles qui osent nous prendre ou nous emprunter nos maris, cédons seulement notre indifférence en guise de révérence, et laissons-les sombrer doucement dans l’oubli des draps froissés d’un lit. Délaissons les bassesses
de la vengeance, gardons le sourire, l’élégance des femmes blessées…