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Yves Curé : La faim sur le cœur

« Tous les jours, 8 500 enfants meurent de sous-nutrition dans le monde. Comment accepter des chiffres pareils ? » Résumée en une phrase, la raison de l’engagement d’Yves Curé tombe sous le sens, en même temps qu’elle en dit beaucoup trop sur l’absurdité de notre époque. Des chiffres chocs qui donnent des crampes à l’estomac, le délégataire d’Action Contre la Faim dans le Loiret pourrait en assommer son interlocuteur. Il préfère une approche plus douce et moins culpabilisante, en faisant vivre dans le département des opérations simples et symboliques, comme celle baptisée « Je dej’, je donne », qui a lieu jusqu’à début décembre dans plusieurs restaus orléanais*. À la fin de leur repas, les clients sont invités à glisser un – ou plusieurs – tickets resto dans une boîte déposée à cet effet. « 14 € de récoltés, c’est un enfant nourri pendant un mois ». Pour joindre le souvenir à la parole, Yves Curé raconte son voyage dans un camp d’ACF au Liberia, à la fin de l’épidémie Ebola. « Un choc émotionnel. Mais qui incite à donner encore plus de sa personne. » De ce côté-là, l’homme est « multicartes » dans son engagement, explique-t-il sans s’appesantir, question de pudeur bien placée. Il confie tout de même avoir parrainé une filleule au Cambodge par le biais de l’association « Enfants du Mékong ». « Elle a pu suivre des études supérieures. Maintenant, elle est sauvée. » Un autre enfant bénéficiera prochainement de cet accompagnement à distance. « La solidarité, c’est dans mes gènes », sourit ainsi ce fils d’officier ayant baigné, gamin, dans une éducation catholique. En mai 68, étudiant à la fac d’éco de Nanterre, il pensa – comme tant d’autres ­– pouvoir changer le monde. « On y a cru », soupire-t-il, tout en rappelant que d’autres plantes auront pourtant germé sous les pavés : « C’est à ce moment que je me suis intéressé à l’écologie », une discipline qu’il étudia à Orléans, à l’Institut d’Écologie Appliquée. Quand les diplômes furent passés – et obtenus –, Yves Curé alla travailler au Comité de la Laine à Paris – « J’ai fait les allers-retours pendant dix ans » – avant de devenir plus tard secrétaire général d’une association de fabricants de textile spécialisés dans les machines à papier. Un filon plutôt pointu, qui le fit migrer pendant six ans du côté de La Haye, aux Pays-Bas : là où est implantée la Cour Pénale Internationale, là où les grands criminels sont jugés. Mais là où les affamés de ce monde ne se présentent jamais sur les bancs des plaignants.

* Liste disponible sur https://www.facebook.com/acforleans

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