Rendez-vous est fixé à deux pas de la fac de droit, où Franck Epaud vient de négocier avec la direction la présence de caméras sur le campus. Car c’est à l’université de Tours que va être tournée la deuxième saison des « Grands » pour les chaînes du groupe Orange. Une série fraîchement primée au festival de La Rochelle, soutenue par la Région, et qui avait eu pour cadre l’an dernier le lycée Grandmont. « Il nous faut de la place, explique l’homme d’image. La deuxième saison est censée se dérouler dans un lycée, mais nous allons tourner à la fac, car tout est fait en décor naturel. Et nous arrivons à 50 personnes ! »
Originaire du Lochois, Franck est un ardent défenseur de la Touraine, à tous points de vue, à commencer par son domaine de prédilection : « L’Indre-et-Loire est une vraie terre d’accueil pour les tournages. Je veux démontrer aux Parisiens que tout est possible ici. »
S’il évolue dans un univers artistique, Franck Epaud n’en oublie pas pour autant ses racines. « Je suis fils et petit-fils de paysans, rappelle-t-il. J’ai commencé à travailler à 14 ans en conduisant des moissonneuses-batteuses. » Curieux de nature, il va se former et se frotter à différents métiers avant de trouver sa voie : CAP petite enfance, bac médico-social, DUT carrières sociales, travail avec des personnes âgées, directeur de colo, monteur vidéo… De retour en Touraine après un passage à Bordeaux, il devient projectionniste, bosse aux cinémas Studio, puis dirige « le Générique », à Montbazon, avant de bifurquer : « Je voulais aller au début de la chaîne, me tourner vers la création. » À lui les plateaux ! Entré par la petite porte pour garder des camions remplis de matériel la nuit rue de la Scellerie, il va grimper les échelons, passant d’assistant à régisseur, puis de régisseur à régisseur général – celui qui s’occupe de la logistique globale –, avant d’endosser le costume de directeur de prod’ depuis deux ans. « On peut faire tout ça sans école, assure Franck. Ce qui prime, c’est la motivation, la rigueur, l’adaptabilité. » Et l’énergie : le bougre, en partance vers un nouveau rendez-vous, en a apparemment à revendre !