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« Jeanne d’Arc », une vision personnelle signée Luc Besson

Avec son huitième film, l’enfant prodige du cinéma français réalisait une fresque grandiose qui séduisit près de 3 millions de spectateurs lors de sa sortie en salle, en 1999. Mais la plupart des critiques demeurèrent (au mieux) insensibles.

Si vous ne savez pas pourquoi Jeanne d’Arc déteste à ce point les « Anglois » qu’elle compte bien « bouter hors de France », selon les termes consacrés, l’explication (pas du tout approuvée par les historiens) se trouve dans les premières minutes du film de Luc Besson, l’un des grands événements ciné de l’année 1999 (son premier film après Le Cinquième Élément) : c’est le viol et le massacre de sa sœur par un guerrier anglais, en pleine guerre de Cent Ans, qui aurait achevé de monter la jeune fille contre l’envahisseur. Elle va dès lors vivre avec deux idées en tête : délivrer le royaume de France et faire sacrer Charles VII à Reims. Jusqu’à ce que l’héroïne ne devienne trop embarrassante avec sa popularité. Elle sera alors livrée aux Bourguignons, complices des Anglais, et ces derniers la feront juger et brûler vive, à Rouen.

« Un contresens absolu »

C’est peu dire que, depuis toujours, le cinéma de Luc Besson ne séduit pas tout le monde, à commencer par les critiques, dont il évite soigneusement la fréquentation du reste. Selon Le Figaro, le film montre « une Jeanne excitée, narcissique (Milla Jovovich), des créatures de l’au-delà sorties d’une mauvaise BD fantastique, des acteurs grotesques (palme de la stupidité pour Malkovich en Charles VII), une esthétique de jeu vidéo. Toujours dans l’artificiel, le film est un contresens absolu. Et un film de Luc Besson indigeste. » Pour Télérama, « Luc Besson a bien le droit de filmer Jeanne telle qu’il la voit. Le seul problème, mais de taille, c’est que sa vision est opaque. Et un peu simplette, quand elle s’éclaircit. En gros, c’est une hystérique. »

Une Jeanne héroïsée

Toujours est-il que, selon les historiens, il n’y a rien de vrai, ou presque, dans l’épopée de Jeanne d’Arc que l’on nous raconte depuis toujours. « Elle n’a joué aucun rôle, sinon accessoire, dans la guerre de Cent Ans, expliquait Roger Caratini à l’hebdomadaire culturel. Elle n’a pas été la libératrice d’Orléans, puisqu’il n’y a pas eu de siège de la ville. Les Anglais ne sont pour rien dans sa mort. » Et d’ajouter que « l’artiste n’est pas là pour écrire l’Histoire, mais pour réaliser une œuvre d’art » et, donc, qu’au cinéma « la vérité n’a aucune importance ». Les spectateurs ont donc le choix : se laisser emporter dans l’univers bessonien, en sachant pertinemment que le réalisateur s’est affranchi, dans sa Jeanne d’Arc, du roman national, ou bien l’éviter soigneusement.

 

D’autres Jeanne
De nombreux réalisateurs se sont attaqués au mythe au cours du XXe siècle : Georges Méliès, dès 1900, mais aussi Cecil B. DeMille, Carl T. Dreyer, Robert Bresson, Victor Fleming, Otto Preminger… Depuis Luc Besson, une seule autre tentative, en 2011 : Jeanne captive, de Philippe Ramos, passée plus inaperçue.

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