Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Une rue, une femme, une histoire : Louise Labé

Louise Labe-edith

Sur les 1 319 voies dénombrées à Orléans, très peu portent le nom d’une femme. Au point que l’on pourrait les compter sur les doigts des deux mains ! Cette rue-ci rend hommage à une femme de lettres de la Renaissance, féministe avant l’heure et grande amoureuse….

Peut-être ce début de poème (voir en haut à droite) vous rappellera-t-il quelques souvenirs ? Je vis, je meurs, qui a traversé les siècles, est au programme, ou l’a été, des collèges et lycées, car il s’agit d’un sonnet (deux quatrains et deux tercets) des plus purs et des plus célèbres. La forme est exemplaire, le fond ne l’est pas moins, décrivant le flot d’émotions contradictoires lorsque l’on tombe en amour… Cette œuvre est signée Louise Labé, poétesse lyonnaise (1524-1566) qui a donné son nom à une rue du nord-est d’Orléans, à Belneuf. La Belle Cordière, comme on surnommait cette fille et épouse de cordiers (riches), n’était pas du genre à s’adonner aux occupations ménagères. Joueuse de luth, latiniste, italianiste, escrimeuse et cavalière, n’hésitant pas, au mépris des règles religieuses, à s’habiller en homme pour grimper à cheval (on dit qu’elle a participé à un tournoi devant le roi Henri II), cette femme bien née et bien mariée, nantie d’une bibliothèque parmi les mieux fournies, accueillait dans son logis tout ce que Lyon comptait d’intellectuels et de personnalités influentes, à la manière des salons littéraires qui seront nombreux au XVIIIe siècle mais dont elle inaugura le concept, avec quelques autres dames de la Renaissance.

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie, J’ai chaud extrême en endurant froidure, La vie m’est et trop molle et trop dure, J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Amour et passion

De nombreux hommes fréquentèrent le salon de Louise Labé et Louise Labé elle-même, ce qui lui valut la réputation de femme légère. En tout cas, elle aimait les choses de l’amour et s’en inspirait pour composer ses poèmes essentiellement centrés sur les sentiments amoureux. La poésie française atteignait alors des sommets, avec Ronsard, Du Bellay… Louise Labé fut publiée très tôt, à la faveur d’un privilège royal accordé en 1555. Son conte en prose, Le Débat de folie et d’amour, fut un succès ; il sera réédité trois fois en 1556 ! Mais finalement, la femme de lettres, décédée en 1566, a laissé une œuvre mince, composée, hormis ce Débat, de trois élégies et 24 sonnets. Mince mais passionnante : Louise Labé a été la première à aborder sans détour la passion féminine. Un doute, cependant, subsiste, d’aucuns affirmant que Louise n’aurait jamais existé, qu’elle n’aurait été que le (délicieux) fruit de l’imagination d’un groupe de poètes. Être femme et féministe, dès le XVIe siècle, dérange-t-il à ce point ? 

Sébastien Drouet

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